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Télétravail, flex office… vers une nouvelle organisation du travail ?

QVT Télétravail Damien Grosset 4 min de lecture

Si la crise sanitaire semble toucher à sa fin, le monde de l’entreprise sort chamboulé de cette expérience. Et si le télétravail était la règle il y a encore quelques mois, la fonction RH et les managers se grattent la tête pour trouver la meilleure organisation du travail post-crise. Quelques pistes de réflexions ont été abordées à l’atelier « Flex work : une démarche pour changer le quotidien », lors de la Verticale Ressources Humaines lesBigBoss à Deauville.

Open-travail, smart working, flex office, flex work… Des expressions désormais à la mode dans le monde du travail. Depuis quand ? Depuis l'avènement de la crise sanitaire. Ou plutôt, à la sortie de cette crise. Car un seul et maître mot régnait à l’heure des confinements : le télétravail.

« Cette période a chamboulé l’organisation du travail, il y a eu un avant et un après crise sanitaire, résume Carole Prouheze, head of corporate function & headquarters humain ressources Worldline, lors de l’atelier « Flex work : une démarche pour changer le quotidien ». Un atelier qui s’est déroulé fin octobre, lors de la Verticale Ressources Humaines lesBigBoss à Deauville, et qui a, en parallèle de la conférence « Innovation, digitalisation et dimension marketing du DRH : comment accélérer la transformation de sa fonction ? », dressé une liste de réflexions pour réorganiser le travail à la sortie de la pandémie de Covid-19. « Beaucoup ont envie de revenir au modèle d’avant-crise, mais c’est impossible, dit-elle. Il est désormais de notre devoir de créer de nouveaux comportements. Nous allons tout rechallengé, nous ne nous bridons sur rien ». 

« Nous estimons que venir au bureau, c’est créer du lien, brainstormer, être en mode agile ».

Faire revenir les collaborateurs

Pour commencer, Carole Prouheze a pris le pouls des salariés de son entreprise de solutions de paiement (pour rappel, la société a avalé Ingenico au terme d'une OPA à 7,8 milliards d'euros il y a un an).

En juillet dernier, Wordline a envoyé un questionnaire à tous ses collaborateurs. Parmi les questions phares : « Quels sont vos rapports avec votre manager depuis le début de la crise ? » ; « Remarquez-vous des changements dans votre productivité ? » ; ou encore « De quels outils avez-vous besoin pour vous sentir davantage efficace ».

« Il était avant tout important que l’on puisse savoir ce que nos collaborateurs avaient vécu au bout d’un an et demi de confinement et de télétravail », réagit Carole Prouheze. Reste qu’au centre de ce questionnaire figurait la question « Combien de jours seriez-vous prêts à passer sans revenir au bureau ? ». Et la réponse est sans appel : 15. Un résultat qui a surpris Carole Prouheze pour qui la vie au bureau demeure un générateur de lien social : « Nous estimons que venir au bureau, c’est créer du lien, brainstormer, être en mode agile ».

Alors, pour motiver les salariés à reprendre le chemin du bureau, Carole Prouheze a puisé dans son réservoir à idées. Au programme : des réunions où l’on part marcher, aux alentours des bureaux, dans un espace de préférence vert et boisé. Des ateliers où l’on mélange des réflexions philosophiques. Des visites insolites au cœur du quartier animé de La Défense, où vient de s’installer le nouveau siège social de l’entreprise. Mieux encore, point d’orgue de ces nouvelles résolutions pour faire revenir les salariés dans les locaux : une formation certifiante des collaborateurs… au yoga.

« Chaque collaborateur peut trouver une place à côté d’une fenêtre et peut créer son propre écosystème en fonction de ses rendez-vous et de ses affinités. »

Mieux gérer le télétravail 

Outre la mise en place d’activités en tout genre, Worldline pose les nouvelles briques de son organisation du travail. La société est actuellement en train de réunir son siège français basé à Bezons (95) et à Paris (15ᵉ) au sein d’un unique espace, dans le plus gros quartier d’affaires européen, à La Défense. Et déjà de premières difficultés en termes d’organisation du travail s’amoncellent.

« En réunissant les équipes de Paris et de Bezons, nous confrontons deux cultures d’entreprises différentes, explique Carole Prouheze. À Bezons, le télétravail est inexistant alors qu’à Paris nous avions un accord de télétravail de 2,5 jours par semaine. » 

Ce n’est pas tout. L’entreprise a aussi pensé son nouveau siège social dans une optique de flex work. L’idée : gérer la fluidité dans le bâtiment.

« Nous nous sommes basés sur l’installation de six postes de travail pour 10 personnes, résume Carole Prouheze. Nous avons mis au point un système de réservation avec des villages : chaque service dispose d’un secteur attitré, chaque collaborateur peut trouver une place à côté d’une fenêtre et peut créer son propre écosystème en fonction de ses rendez-vous et de ses affinités. »

Pour gérer cette petite révolution du travail, Worldline a adopté une solution baptisée Coviflex, qui permet, depuis son ordinateur ou son smartphone, d'indiquer quand on sera présent au bureau et à quel emplacement. On peut le faire une semaine à l'avance ou davantage. Reste, dans cette nouvelle configuration, aux managers de s’adapter aux emplois du temps de chacun et de former les collaborateurs aux nouveaux outils mis en place. Ce qui peut vite devenir un vrai casse-tête. Au moins au début.

Damien Grosset